On tient à ressusciter l’histoire et s’inspirer des acquis du passé. Il y a trois jours, la Cheffe du gouvernement, Najla Bouden, a réveillé les vieux démons, en annonçant, depuis Genève, lors de sa participation au Sommet de l’OIT sur le monde de travail, le lancement imminent d’un « Fonds de l’emploi et de la jeunesse ».
Il était une fois un Fonds national de l’emploi 21-21, créé sous l’ancien régime, et dont les mécanismes exécutifs étaient aussi en vogue, il y a maintenant 23 ans. Un fameux FNE, plus connu sous cet acronyme, mais qui n’a jamais su gérer les demandes additionnelles d’emploi. Son bilan fut peu reluisant, ses interventions avaient, à l’époque, défrayé la chronique, à médias superposés. Sans que le taux du chômage n’ait baissé d’un cran. Il se situe, actuellement, aux alentours de 16%, soit une légère hausse par rapport au 4e trimestre 2022.
Le cheval de bataille
de tout temps
En fait, la question de l’emploi avait toujours fait figure d’un cheval de bataille ou d’un coup de poker électoral si figé qu’il n’a guère été suivi d’effet. Et la création d’un tel fonds, doublé d’un mécanisme financier, la BTS, soit l’actuelle Banque tunisienne de solidarité, élisant depuis domicile à l’avenue Mohamed-V dans la capitale. Cette banque n’avait pas trop simplifié ses procédures d’octroi des crédits, tant il est vrai que sa bureaucratie excessive était un véritable facteur bloquant. En l’état, l’autofinancement et le cautionnement personnel n’ont pas favorisé assez d’opportunités professionnelles, du moins viables et rentables.
Aujourd’hui, on tient à ressusciter l’histoire et s’inspirer des acquis du passé. Il y a trois jours, la Cheffe du gouvernement, Najla Bouden, a réveillé les vieux démons, en annonçant, depuis Genève, lors de sa participation au Sommet de l’OIT sur le monde de travail, le lancement imminent d’un « Fonds de l’emploi et de la jeunesse », afin de financer des projets d’autonomisation économique, soutenir l’entrepreneuriat et divers programmes d’appui à l’emploi, sous l’égide du Président de la République et en partenariat avec les Nations unies.
Soit la même vocation qu’avait eue l’ancien FNE, avec l’ajout du volet «Jeunesse», comme étant son premier public cible. Ce nouveau mécanisme, encore en gestation, sur le point de voir le jour, aura, selon Bouden, à garantir la protection des jeunes sans emploi parmi les diplômés du supérieur et des centres de formation professionnelle par des programmes favorisant leur intégration dans la vie active et dans le milieu des affaires. Soit, également, le même objectif que s’était fixé, dès le démarrage en 2000, l’ex-Fonds de l’emploi.
Bluff politique ?
Ceci étant, à moins que le gouvernement Bouden vise plus loin, avec en toile de fond d’autres choix et stratégies. Car, jusqu’à nos jours, monter un microprojet n’est toujours pas une mince affaire. D’autant plus que la politique de l’Etat en matière d’emploi n’encourage pas souvent l’esprit d’investissement. Et encore moins l’ancrage d’une culture d’entrepreneuriat en bonne et due forme. Un fiasco politique ? Faute d’un capital d’amorçage et d’accompagnement requis, plusieurs projets s’arrêtent à mi-chemin. Ils sont quasiment voués à l’abandon. Qu’a-t-on fait pour le bonheur de nos chômeurs ? Même la révolution qu’on croyait être venue à cet effet a vu ses principaux objectifs entièrement détournés. Droit à l’emploi, dites-vous ! Mais, cette question revient, à chaque fois, sous le signe d’un grand débat autour duquel s’engage, au nom des jeunes, un dialogue national. Le dernier en date, aussi virtuel soit-il, se déroula en mode électronique, baptisé « E-istichara » ou consultation populaire. Il faut dire que tous nos gouvernements successifs post-révolution ont toujours considéré l’emploi des jeunes en tête des priorités et manifesté l’intérêt qu’il y a d’assurer l’insertion sociale des plus démunis. Et les initiatives pareilles n’en finissent pas de se multiplier. Celle de Mme Bouden en est la énième, dans le but de faire valoir le travail en tant qu’un attribut social, digne de ce nom. Surtout que, cette fois-ci, il serait question, selon la déclaration de Mme Bouden, d’orienter les politiques publiques, à même de réajuster les choix d’intégration, selon une approche qui s’attaque aux causes du mal, qu’est principalement le chômage. Ces promesses ne devraient surtout pas s’ériger en bluff politique!